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04/10/2013

Morgan Bourc'His: l'interview par psmcafe.com


News Apnée

Kalamata est un site d'exception et pour ces mondiaux AIDA, sa réputation n'a pas été surfaite. Morgan Bourc'his a enfin accédé à la place qui devait être la sienne au plus haut niveau mondial.

Le marseillais répond à nos questions. Précis, sincère, authentique mais s'attendait on à autre chose de sa part ?


Place à l'interview et aux images:

 

1 Champion du monde, recordman de France, alors heureux ?
Morgan Bourc'his: Je suis très satisfait de ce titre, qui malgré tout me tombe dans les mains presque trop vite. Initialement, je partais pour monter une marche supplémentaire sur le podium par rapport à ma troisième place en 2011. Je savais que William Trubridge était intouchable. Mais il a chuté… Je me retrouve champion du monde alors que ce n’était pas prévu, je ne l’avais pas imaginé une seule fois sur place ni pendant ma préparation. Mais c’est le jeu des annonces, les juges me l’ont bien répété lorsqu’ils sont venus me féliciter alors que j’étais encore dans l’eau tout juste après la sortie en syncope de William. “That’s the Game!”.
Concernant mon record de France, ce -89m n’était qu’une étape sur place qui devait m’aider à aller à -91m dans cette discipline trois jours après pendant le championnat. Mais je ne me suis pas senti assez fort sur cette plongée pour aller plus profond et annoncer cette profondeur le jour de l’épreuve du CNF.

 

Morgan Bourc'his

 

2 Peux tu nous faire un petit déroulé de ce périple, de ton départ de l'aéroport à ce moment où tu reprends ton souffle ?
La première partie du séjour s’est déroulée sans problèmes particuliers. Voyage court, reprise progressive des entraînements mais de manière engagée assez rapidement. Un maintien d’une sollicitation physique journalier (natation en mer en bassin, musculation). Je suis arrivé sur place en étant sur la pente ascendante de ma progression mais avec déjà un niveau important. Sur place, les entraînements n’ont été que des réglages et ont constitué une fin de progression parfaite. Aucunes plongées ratées sur place et une bonne gestion du repos. Je suis rapidement passé sur un rythme un jour ON et un jour OFF. Pour le championnat, quelques grosses pointures n’étaient pas présentes comme Michal Risian et Alexey Molchanov, qui lui a choisi de faire l’impasse pour se concentrer sur le poids constant. Donc un niveau plus faible qu’en 2009 et 2011. J’apparais rapidement comme un potentiel second si tout se passe bien. C’est pourquoi je fais une annonce conservative mais engagée pour faire malgré tout une belle performance. J’aurai pu annoncer – 80m et je finissais toujours second. Le jour J, il y a eu beaucoup de early turn et quelques syncopes. Cette épreuve reste encore difficile à appréhender pour beaucoup. Je valide ma performance de belles manières et je reste dans l’eau pour voir William effectuer sa descente juste après moi. Sur les dix derniers mètres de sa remontée je constate qu’il est « dans le dur » comme on dit et je comprends que sa sortie sera compliquée. Il fait une syncope à la surface, mais nous ne réalisons pas tout de suite avec Cyril Paulet le coach, que je suis mathématiquement champion du monde… Il nous faudra 20s pour nous dire que « Bon ben voilà, au fait je prends la médaille d’or ! ». Pas d’explosion de joie, il reste encore des concurrents et je vais plutôt voir William qui récupère difficilement. Il a pris une sacré décharge.

 

Morgan Bourc'his

 

 

3 Au final de ces championnats, les équipes de France montrent encore leur très haut niveau en apnée, comment l'expliques tu ?
Les résultats sont intéressants au sein des deux fédérations. Il y a de belles révélations, des confirmations aussi. Quelques petits passages au travers également mais ces personnes vont rebondir je pense. Les échecs font toujours réfléchir et te remettre en question pour aller de l’avant. Nous avons un vivier de plus en plus important donc il émerge de nouveaux talents qui progressent rapidement car ils ont accès très vite à la bonne méthodologie. Ma génération a beaucoup plus tâtonné, et a progressé plus lentement. Mais nous avons par contre une énorme expérience. On note aussi que les autres nations ont d’excellents résultats, notamment les pays d’Europe de l’Est.

 

4 Côté entraînement, peux tu nous en parler un peu ?
Je pratique diverses activités et essentiellement quatre en ce moment : natation, trail running, musculation et apnée sous différentes formes. J’ai pratiqué d’autres activités les années précédentes comme la nage avec palmes ou différentes méthodes de musculation. Aujourd’hui je vais me mettre au vélo. J’adore faire toute ces disciplines avec pour finalité la performance en apnée. Et c’est bien de pouvoir varier pour ne pas s’essouffler. Chaque année ne se ressemble pas.

 

Morgan Bourc'his

 

 

5 Je crois savoir que tu fais régulièrement du trail, une confrontation avec Kilian Jornet un de ses quatre dans les calanques ?
J’ai déjà échangé par mail avec lui en 2011. Il était moins connu à l’époque et plus accessible. Aujourd’hui, je crois qu’il ne gère plus ses mails, une personne s’en charge pour lui et fait le tri. Donc je ne crois pas que nous allons faire la traversée du massif ensemble dans les prochains mois!! Il a tellement de projets, dont l’actuel “Summits of my life”, et de sollicitations que courir avec Morgan Bourc’his n’est vraiment pas une priorité pour lui. Et puis soyons réaliste, nous ne sommes pas sur la même planète. Il est considéré comme un mutant dans son sport et je suis juste un apnéiste qui aime bien courir dans les collines. Mais s’il m’entend, il peut venir quand il le souhaite faire Marseille-Cassis par la Candelle! J’aurai l’avantage du terrain à défaut d’avoir ceux de la physiologie et de la génétique. Après nous irons plonger sur les Impériaux…
Plus sérieusement je vais accentuer mon début de saison sur le trail pour faire une course début 2014. J’aime cette pratique et j’ai envie d’y consacrer un peu plus de temps cette année. J’ai aujourd’hui l’expérience suffisante pour me permettre ce genre de chose. Il est vrai aussi que les compétitions en piscine sont de moins en moins mes priorités aujourd’hui. J’ai déjà bien donné et je laisse la place aux autres pour me consacrer encore plus à la mer qui constitue pour moi l’essence de la discipline.

 

 

 

6 Côté matos as tu modifié quelques choses ? Quels sont tes incontournables ?
Je n’ai rien touché depuis 2011. Je plonge avec une OrcaFree, pour le CNF uniquement. Mais au delà du matériel, je crois que mes incontournables sont ma technique et ma ceinture scapulaire… Ce sont mes priorités, plus que le matériel.

 

7 Et la piscine ? Motivé pour te réapproprier les meilleurs marques en DNF ?
Au vu de nos conditions d’entraînement à Marseille pour le club du Massilia sub que je préside (bassins disponibles, temps, nombre de créneaux), je crois que vous pouvez m’oublier pour quelques temps. La gestion des piscines est catastrophique, mais nous allons avoir un beau Stade Vélodrome… C’est un choix que je ne partage pas mais je ne suis pas un élu. J’ai personnellement accès au Cercle des Nageurs de Marseille, mais uniquement pour la natation car j’y nage seul ou à côté du groupe élite. Mais je ne peux pas y pratiquer de l’apnée. Je vais continuer à m’entraîner bien-sûr mai je n’aurai pas les conditions requises pour être performant. Et comme je l’ai dit plus haut, je vais me consacrer d’avantage à la mer.

 

Morgan Bourc'his


7bis, tu as été parmi les précurseurs du oneshot aujourd'hui largement pratiqué en piscine, peux tu nous expliquer les avantages de cette méthode ?
Je crois que tout le monde a compris le principe de cette méthode aujourd’hui pour tenter de réaliser une apnée maximale.
Oneshot ou No warm-up ne veut pas dire aucun échauffement pour ma part
J’effectue un échauffement préalable du corps à sec par des étirements généraux et thoraciques, et je me mets dans un état de concentration optimal. Il ne faut pas réaliser d’apnée pour ne pas préparer l’organisme à ce stimulus, afin qu’il puisse réagir (le diving reflex) le plus intensément possible lors de l’apnée. La mise à l’eau doit se faire au dernier moment pour profiter du fait qu’elle accentue le diving reflex. Le stress créé va entraîner une préservation des ressources plus importantes , une accentuation du métabolisme anaérobie, une vasoconstriction périphérique et une bradycardie encore plus intense, une contraction de la rate.
Il faut apprivoiser cette méthode qui est assez violente. L’organisme ressort plus marqué. Je ne la pratique que pour les épreuves de dynamique. Je n’y arrive pas pour le statique, et j’ai besoin d’échauffement pulmonaire pour la mer même si j’ai pu l’utiliser pour des performances sous maximales.

 

8 Peux tu nous parler de ton métier en dehors de l'apnée et de ce que l'apnée peut apporter dans celui ci ?
Je suis professeur d’EPS à Marseille auprès d’enfants et d’adolescents qui ont des troubles du comportement et des troubles psychiatriques. Ils savent très bien ce que je fais, et apprécient d’aller à la piscine avec moi. Nous faisons un peu d’apnée dans un but de « lâcher prise » et afin d’accentuer leur concentration et leur détente. Pour ma part, cette pratique sportive me permet d’être assez zen et repéré comme tel au sein de l’institution malgré les situations difficiles qui se jouent quotidiennement.

 

 

 

 

 

 

9 Nous avons découvert un très joli trailer sur un de tes projets, peux tu nous en dire un peu plus ?
Non il est trop tôt. Sachez juste que les personnes qui me suivent sont des amateurs, avec de bonnes idées mais de petits moyens. Soyez indulgents, nous n’avons aucunes prétentions. Si ce n’est de nous amuser et nous faire plaisir.

 

10, le ou les mots de la fin ?
Je crois que l’idée fait doucement son chemin et se met à circuler mais je commence à penser au record du monde en CNF. Et comme à l’accoutumé, je vais considérer ce record comme une éventualité d’une progression personnelle. Il ne sera pas un objectif majeur en soi ou une fin à tout prix. S’il me tend les bras j’irai, avec tous les voyants au vert.
Chacun a ses mots pour définir ce qu’il ressent sous l’eau. Guillaume Nery l’exprime très bien dans ses interventions ou au travers les films de sa compagne Julie Gautier. Pour ma part, j’ouvre une porte sur une autre dimension, je ressens parfois une espèce de fusion avec l’eau. Je pars, je me promène et je reviens. Je verrai si cette dimension m’amène à -102m ou plus un jour, si William Trubridge, Alexey Molchanov ou un autre protagoniste ne sont pas passé par là avant !

 

Bravo encore à lui et à bientôt pour de nouveaux moments intenses aquatiques !

 

 


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