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12/09/2011

CMAS 2011: l'oeil de Sophie Jacquin


News Apnée

S'il est quelqu'un ou plutôt quelqu'une pour qui ces derniers championnats du monde ont été une véritable concécration c'est bien Sophie qui en plus des podiums s'approprie un record du monde.

 

Voici ces championnats ou plutôt SES championnats !

 

 

1)Peux tu nous raconter ta prépa, ton arrivée et tes éliminatoires à Tenerife ? Une recette spéciale record avec ton entraîneur François Steers ?

 

Sophie Jacquin: Tout comme certains des coéquipiers, j'ai appris la confirmation de ma qualification en équipe de France lors des championnats de France à Montluçon. De retour sur mon île j'ai donc repris le chemin de la piscine pour d'une part finir la préparation pour la coupe de France et commencer celle des championnats du monde. Ce ne fut pas évident car mes collègues d'entrainement du C.N.R.B.T (Cercle des nageurs de la région Basse Terre) avaient fini leur saison. Mais tout le monde s'est mobilisé pour venir me soutenir et me surveiller!
Au mois de juillet ce fut encore un autre cadre puisque la piscine intercommunale (le bassin olympique extérieur où nous nous entrainons) fermait ses portes. Qu'à cela ne tienne, j'ai pris mes quartiers dans une piscine résidentielle pour le statique (sous l'oeil bienveillant de Karine), dans un piscine associative au CGOSH (bassin de 25m sans marquages et avec les vacanciers!) et en mer, en bas de chez moi pour le cube. François Steers m'avait établi un programme chargé juste comme il le fallait et venait me coacher 2 fois par semaine en piscine et grâce à l'aide précieuse de certains apnéistes motivés du C.N.R.B.T nous avons pu monter un atelier jump blue.
La recette de François c'est qu'il me connaît bien, il sait quand il doit me freiner et quand il doit "lâcher la bête" comme il dit! Nous savons tous les deux de quoi est capable l'autre, c'est une question de confiance et de volonté. Et lorsqu'il m'a parlé du fait qu'il voulait que je m'entraine en no warm up en statique, j'avoue avoir eu des doutes pour la première fois. Mais après 4 ou 5 essais, presque du jour au lendemain, j'ai amélioré ma meilleure perf d'une minute, j'ai su qu'une fois de plus, il était dans le vrai.


Lundi 29 août, arrivée à l'hôtel de Ténériffe, je me sens bien. Je n'ai commencé à "stresser" que le soir du mardi, veille des qualif du DYN lorsque Christian Vogler m'annonce mon heure de passage. Je passe dans les premières, tirage au sort oblige, il n'y aura donc pas le choix que d'envoyer du lourd dès le début. Ce que je craignais un peu. Arrivée sur place, la seule compétitrice de l'équipe de France, les autres passant plus tard, nous apprenons rapidement qu'il y aura un heure de décalage par rapport à l'heure prévue. Surtout ne pas se laisser démonter, ca fera une heure de sieste en plus avec les écouteurs sur les oreilles !
L'heure H arrive, les palpitations se font de plus en plus sentir, le stress devient de plus en plus dur à retenir mais j'en ai l'habitude (j'ai 20 ans de compètes en gymnastique), cela ne me freine pas pour autant.
Sachant que mon max à l'entrainement était de 175m, mais sachant aussi que j'ai deux mois de prépa derrière moi, je suis relativement confiante. Je sors presque à 180 avec les jambes qui piquent mais protocole parfait. Je suis ravie de cette perf. Reste plus qu'à voir ce que feront les autres. A la fin des qualif', je sais déjà que je suis 4è et donc je resigne pour le lendemain !

 

Sophie Jacquin

 

2) Ton dynamique ou plutôt ta première finale, comment l'as tu vécu ? Quelles sensations ?

 

Je ne partais pas dans l'idée de faire des étincelles en DYN au niveau mondial car en regardant les perfs qui se faisaient ces dernières années, je me savais bien en dessous. Toutes n'étaient pas là à Ténérife, et le soir des qualifications, j'ai commencé à croire à mes chances de médailles. Je n'avais pas repéré la veille l'Italienne Ilaria Bonin qui est passée avant moi et quand je l'ai vu sortir son magnifique 202 mètres, je suis retombée de mon nuage et je partais donc pour faire ma perf de l'année et me faire plaisir. La peur de la syncope (qui signifiait par la même, la fin des championnats alors que je comptais plus sur les autres épreuves) m'a tout de même freiné dans mes ardeurs. Je sors malgré tout un beau 192m avec de bonnes sensations puisque je n'ai même pas vu que j'étais allée aussi loin, j'ai le sourire jusqu'aux oreilles. Sourire qui va ne faire qu'augmenter lorsque Georgette sort à 200mètres avec elle aussi la banane! Une belle médaille d'argent, qui console un peu ma déception de finir au pied du podium. Allez, j'ai fait mon max, on a encore 2 épreuves à concrétiser.

3) Place au statique, comment s'est passée ton envolée vers le record du monde ?

 

SJ:  Jour du statique. Pas de qualification pour cette épreuve qui avait lieu pour la première fois sur les championnats du monde de la CMAS. La veille nous devions faire des annonces, ce qui déterminerait notre ordre de passage. Olivia Fricker, notre capitaine, Christian et moi en avons longuement discuté. Nous savions tous que j'étais en forme, alors nous avons annoncé le plus haut possible pour être assuré que je passe en dernière des filles. Sachant qu'il y aurait des pénalités si l'on ne réalise pas au moins l'annonce. On part donc sur 6'03'' et lorsque je vois que toutes les filles ont annoncé au max 5', je me prends à douter de ne pas pouvoir atteindre les 6'. Arrivée à la piscine, j'ai plus de 3h devant moi, je tourne et retourne, regarde les premières perfs (personne ne dépasse les 6') puis je vais enfin m'allonger avec ma musique. Rester sereine. La demie heure d'échauffement officielle arrive, j'ai déjà fait mes respirations carrées, mes assouplissements du diaphragme, je me mets alors en combi au bord du bassin.
Je ne me mets à l'eau seulement jusqu'à la taille, 7 à 8 minutes avant mon top officiel. Arrivée dans ma zone, je suis accompagnée de Christian qui a le droit de rester à mes côtés pendant ma perf. Il peut me toucher, me parler, nous avons convenus de ce qu'il doit faire. Et je m'immerge pendant les 3 minutes qui nous sont imparties. Les deux premières minutes se passent comme d'habitude, je suis détendue, je passe en revue toutes les parties de mon corps des orteils jusqu'au front à savoir si chacune est bien relâchée. La préparation que nous avions fait en sophrologie avec Brigitte Populus fait partie aussi de mon protocole de relâchement dans l'eau. Christian m'annonce doucement les 3 minutes. " A peine !" me dis-je alors que je spasme déjà.... je sens que ça va être long. Puis les 4' et les 4'30 toujours annoncées par l'entraineur, enfin le premier tchek de mon apnéiste de sécu, je sais que je suis à 5' et en phase de lutte depuis déjà un bon moment. C'est normal, j'ai l'habitude, rien de trop inquiétant. Pour moi le statique c'est plus de 50 % de lutte. Arrive les tchek des 6', et là j'ai du perdre une notion de temps car quand je sors, je pense être à 6'15" ou 6'20" (ils avaient annoncés la veille que pour établir un record du monde pour les filles il fallait faire plus de 6'30" comme c'était une première en championnat du monde). Apparemment, passées les 6'30" Christian me dit de sortir, j'avoue ne pas l'avoir entendu, j'étais focalisée sur mes spasmes et mes sensations. Je sors, m'accroche, souffle un bon coup, tape sur le disque jaune et quand je vois tout le monde taper dans les mains et sourire, je sens qu'il y a eu quelque chose de bon. Un WR, rien que ça ! Quelle joie !

 

 

 

le podium de sophie Jacquin

un podium entre victoire et émotion

 

 

3 bis) quelques mots du Jump Blue ?

 

SJ: Nous avions installé un atelier de jump blue non loin de chez moi un mois avant. J'y suis allée 4 fois ce qui m'a permis de prendre certains repères au niveau de la vitesse de palmage, de la descente et de la remontée à 10 mètres mais aussi de caler mes virages. Les conditions de mer étaient souvent idéales, peu de houle, un mer claire et surtout une température de 27° !
Ceci dit je vais régulièrement en mer avec mes petites palmes et j'ai une bonne notion de l'espace en 3D à ces profondeurs.
Comme c'était la dernière épreuve et que j'avais déjà ma breloque, j'y suis allée vraiment sereine, surtout le jour des qualif'. Bien que l'eau me paraissait un peu froide, elle était tout à fait tenable. Du moins juste le temps de l'épreuve car j'y vais également à sec (comme en DYN, toute la prépa se fait hors de l'eau). Comme au DYN, je suis tirée au sort (coquin de sort) pour passer dans les premières. Alors j'envoie ce que j'ai encore sous la palme en en gardant un peu quand même. Je boucle 2 tours plus un ou deux petits mètres, sortie nikel. A la fin de tous les passages, je suis première qualifiée et donc dernière à passer le lendemain. Cela me semble bon car je suis assez confiante sur cette épreuve vu mes 4 essais chez moi à la Guadeloupe.
Excès de confiance peut être, quand Ilaria Bonin passe juste devant moi et sors à 158m (2 tours plus un côté et 3mètres), ce qui lui fait un WR, je n'ai qu'une envie c'est d'y aller. Je peux m'arrêter avant et assurer une médaille d'argent ou de bronze mais à ce moment là, ce n'est pas mon ambition. Chritian Vogler qui est à mes côtés me confirme pendant mes carpes en me disant "tu sais t'arracher". Oui je sais que je sais m'arracher, alors on y va. Je suis partie vite alors que je pensais avoir un rythme assez souple, je boucle mes deux tours, je finis le 9è côté, vire et donne les derniers coups de palmes. J'avais bien repéré l'endroit où Ilaria avait accroché sa pince, je fais 3 mètres de plus accroche la mienne et là je suis euphorique pendant ma remontée. Je m'accroche à la bouée mais le temps est allé trop vite. J'entendais au loin le décompte du juge et lorsque je me suis rendue compte que je devais taper sur la tête du juge, celui ci venait de refermer ses bras, deux secondes avant. Trop tard pour le protocole, je sais que je suis disqualifiée, grosse déception. Malgré d'énormes regrets, je sais encore aujourd'hui que j'ai bien fait d'y aller. Personne ne sais si j'aurais réalisé le bon protocole en sortant 10m avant et j'aurais de toute façon regretté de ne pas être allée la chercher. J'en voulais trop, est-ce un défaut d'être trop compétitrice ?

4) On te savait en forme depuis un moment, quelle est ta recette pour avoir réussi à être au top le jour J ?

 

SJ: Il n'y a pas de secret en apnée. C'est propre à chacun. Bien sûr il faut une bonne préparation, une bonne hygiène de vie (de ce côté là je peux faire mieux !), de l'envie, de la motivation et faire ça avec plaisir et savoir s'arracher de temps en temps !
Tous les jours du mois d'août je me focalisais sur ces championnats. J'avais l'impression que chaque geste que je faisais, chaque chose que je mangeais ou buvais pouvait influencer sur mes perfs futures. J'étais prête dans ma tête et me sentais prête dans mon corps.

5) Comment s'est passé ton retour à la maison ?

 

SJ :Le voyage retour fut long !! 4 avions en deux jours car je repassais une nuit sur Aix en Provence. Rentrée mardi soir, mercredi matin au boulot, le soir réunion des cadres techniques de mon club, jeudi réunion de travail à Pointe à Pitre, vendredi au bureau à Basse Terre...humpff ! Là je suis dans un gîte pour le week-end, à "la campagne" à Vieux Habitants et je souffle enfin ! La semaine prochaine j'ai RDV avec quelques médias locaux qui s'intéressent de plus en plus à l'apnée, les efforts de tous payent, ça fait plaisir.

6) Question matos, qu'utilises tu en dynamique ?


SJ : Une mono leaderfin qui m'a gracieusement été offerte par un de nos partenaires ici, un magasin de pêche et sports marins et sous marins. Je remercie donc West Indies Marine de m'avoir fait ce présent, une pensée pour Jean François le gérant du magasin qui nous a quitté au mois de juin. J'essaie de lui faire honneur au mieux.
La combie est une combie de nage, 1mm, que tout le monde trouve dans le commerce et que beaucoup de compétiteurs ont sur le circuit. Je la trouve plus efficace en DNF qu'en DYN car elle prend un peu l'eau, c'est peut être que je suis trop rapide !

7) Aujourd'hui après de telles perfs quels sont tes prochains objectifs ? Que penses tu de l'écart de records avec les records du monde AIDA ? Motivant ?

 

SJ : Mes prochains objectifs sont d'être aussi forte voire plus qu'Ilaria Bonin, c'est mon idole !! LOL.
Simplement faire de mieux en mieux et continuer à me faire plaisir en apnée, peut être aller un peu plus en mer. Je ne connais pas tellement les perfs AIDA sur ces épreuves mais comme tout le monde en parle, oui, c'est motivant !

 

8) On a l'impression qu'une belle émulation existe au sein de cette équipe de France peux tu nous en dire plus ?

 

SJ :Je ne pensais pas trouver une telle ambiance dans l'équipe. Notre passion commune et nos caractères ont fait que tout s'est super bien passé. Je n'ai malheureusement pu faire qu'un stage comme je suis une ultra marine, mais cela a suffit à créer des liens. Entre les "anciens" qui nous apportaient leur expérience des compètes internationales et les nouveaux tout s'est bien goupillé. Le staf technique a été parfait, il n'y a rien à redire. Je resigne l'an prochain si on me demande mon avis !



9) le mot de la fin ?

 

SJ : Merci à tous ceux de métropole et de Guadeloupe qui m'ont soutenue pour ces championnats du monde, vivement les championnats d'europe, j'ai la rage apnéique maintenant !
Big up à Elsa pour sa tenue du jump blue qui l'a mené à la 4è place en finale, énorme!
Et promis, prochain podium avec la Marseillaise (parce qu'il y en aura d'autre) , je ne pleurerais pas !

 

 

Merci à toi et à bientôt sur le circuit !

 

 

Source photo: FFESSM et FEDAS


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